Nos héros ?

 Qu’on leur apprenne (…) à chanter les louanges des héros qui ont été aimés des dieux, qui ont fait des actions généreuses pour leur patrie, et qui ont fait éclater leur courage dans les combats.

Fénelon, Télémaque, livre XI

La session est à Sainte Marie un seuil pour l’année qui s’ouvre :

  • arche d’accueil des nouveaux hypokhâgneux
  • mise en bouche appétissante pour les khâgneux avec un commencement sur les chapeaux de route
  • expérience pour tous de la saveur propre à l’éclairage pluridisciplinaire d’une question complexe.

Le thème des héros s’est imposé cette année après le fort retentissement d’actions de dévouement spectaculaires, comme celles du colonel Beltrame ou le sauvetage d’enfants par Mamoudou Gassama. Il s’agissait d’interroger l’importance et l’ambiguïté de la célébration des héros, à travers l’héritage des grandes figures célébrées par la Grèce, dont Hercule est le prototype. Grandeur du héros, dont la bravoure sert d’exemple pour l’éducation de Télémaque, dont les sacrifices ravivent l’espérance que les valeurs de courage, d’altruisme, de don de soi peuvent l’emporter. Mais aussi nécessité du soupçon porté sur “la fabrique” des héros, par exemple ceux que l’ère soviétique a exaltés, sur l’usage politique et idéologique de leur célébration. Le héros est de toute façon celui dont on raconte l’histoire et dont la littérature va asseoir et déconstruire le statut. De Balzac à Houellebecq, de Tintin au grand homme hégélien, de Gustave Moreau peignant Hercule à Clint Eastwood dans le film Mémoires de nos pères, nos héros ont interrogé leur propre glorification.