La mixité a été instaurée en 1975 par la réforme Haby qui la rendait obligatoire ; elle est la conséquence de la mise en place du “Collège pour tous”. La réforme avait pour objectif de lutter contre les inégalités sociales en assurant les mêmes enseignements et la gratuité des études pour tous jusqu’à 16 ans. Dans le cadre de cette ouverture d’un collège unique au plus grand nombre, la mixité s’imposait moins pour des raisons pédagogiques que pour des raisons proprement économiques.

On ne peut nier que la mixité participe à un apprentissage du « vivre ensemble », à un apprivoisement des différences ni qu’elle développe les facultés d’adaptation.

Cependant, puisque la mixité se vit aussi en dehors de l’école – dans les activités sportives, culturelles, sociales -, pourquoi renoncer à proposer une autre voie éducative que cette fameuse mixité ?

De nombreuses études sociologiques et psychologiques en attestent, garçons et filles présentent un décalage de maturité, particulièrement dans les années collège. Aussi, bien des institutions scolaires, en France et en Europe, sont-elles revenues sur le principe de la mixité, en proposant des classes de filles et de garçons, non-mixtes, au sein même de leur établissement.

Car les classes non mixtes sont plus homogènes, plus unies : dans ce cadre et à cet âge charnière de l’adolescence, le poids du regard de l’autre en effet pèse moins lourd. Les élèves, donc ici à Sainte-Marie les filles, sont plus libres d’être ce qu’elles sont vraiment, plus libres de privilégier les disciplines de leur choix : elles n’essaient pas d’aller là où on les attend. Et chacune gagne ainsi en liberté, la liberté d’être soi, hors de tout rapport de séduction, de jugement ou de rivalité, parfois difficiles à vivre.

A la fin du collège ou au début du lycée, il arrive que les élèves trouvent pesantes ces classes entre filles. Le témoignage des anciennes est révélateur : toutes ont goûté ce sentiment de liberté, cette opportunité rare de construire des amitiés solides, vécues en vérité. Toutes témoignent en outre d’un sentiment d’appartenance, sentiment fondateur…

La non-mixité à SMN n’a donc aucun caractère dogmatique, elle correspond à un vrai choix éducatif d’autant plus précieux qu’il se fait rare.